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En se mettant en scène avant le match des quarts de finale du mondial féminin de foot, Prisca Thevenot, secrétaire d’État chargée de la jeunesse et du SNU a, bien involontairement, attiré l’attention sur le portrait officiel d’Emmanuel Macron. Ce « very bad buzz » intervient alors que le musée Chirac de Sarran (19) consacre justement, cet été, une exposition aux portraits des 25 présidents de la République, depuis celui de Louis Napoléon Bonaparte. 

Debout ou assis ? Dans le bureau ou la bibliothèque ? A l’intérieur ou à l’extérieur ? Le portrait officiel du président de la République est, depuis la fin du 19siècle, un objet de communication politique d’abord au service du nouveau régime, puis pour la promotion du locataire de l’Elysée. 

Tout au long de la 3e République, il s’agit d’installer l’institution et chaque président pose de la même manière, adoptant une posture martiale, le regard fixé vers l’horizon de la ligne bleue des Vosges. Les présidents, notables barbus, passent mais la République reste. 

Ce n’est qu’à partir de 1880, grâce aux progrès de la reproduction photographique que ces portraits sont, sur la base du volontariat, affichés dans les mairies aux côtés des bustes de Marianne.

Jusqu’en 1960, c’est la continuité et l’absence d’originalité qui prévalent. Symboliquement, le retour au pouvoir du général de Gaulle avec l’avènement de la 5e République, se manifeste par le passage du noir et blanc à la couleur.

Chaque président de la 5e utilisera son portrait officiel pour faire passer un message, pour annoncer comment il entend marquer son septennat puis son quinquennat. 

Georges Pompidou reprend la posture de son prédécesseur : même attitude, même costume, même décor. C’est le changement dans la continuité.

Valéry Giscard D’Estaing, au contraire, entend faire savoir qu’il incarne la modernité et rejette la traditionnelle photo officielle en posant, en buste, simplement, devant le drapeau tricolore. 

Curieusement, François Mitterrand reprend les codes gaullistes en posant dans son bureau, un livre à la main et une bibliothèque en arrière-plan. Le premier président socialiste de la 5e république annonce qu’il est bien, depuis le 10 mai 1981, le président de la République et qu’il n’est plus l’auteur du « coup d’état permanent » mais le garant des institutions qu’il avait pourtant fustigées, quelques années auparavant.

Jacques Chirac fait appel à Bettina Rheims pour son portrait. Comme VGE, il souhaite marquer une rupture avec son prédécesseur. Il pose donc dans les jardins de l’Elysée. Présentée dans le musée Chirac, l’exposition met particulièrement l’accent sur ce portrait en diffusant une vidéo dans laquelle la photographe rappelle comment Jacques Pilhan a sélectionné la photo qui incarnait le plus, à ses yeux, la stature présidentielle et la proximité.  

Nicolas Sarkozy revient aux codes gaullistes de la bibliothèque mais ajoute la dimension européenne en plaçant le drapeau étoilé à côté du tricolore.

François Hollande, comme Jacques Chirac, ressort dans les jardins de l’Élysée et conserve la symbolique européenne, avec les deux drapeaux, au fond, à gauche. 

Toute l’histoire du macronisme est résumée dans ce portrait officiel : de la communication totalement maîtrisée, trop polie pour être honnête. 

Quel message a voulu faire passer Emmanuel Macron ? Qu’il est l’homme du « en même temps ». On retrouve tous les codes des portraits officiels précédents : il pose dans son bureau, à l’intérieur, mais devant une fenêtre ouverte sur l’extérieur. S’il n’y a plus de bibliothèque en arrière-plan, il conserve cependant la symbolique du livre en en plaçant un, ouvert, sur son bureau. Il garde les deux drapeaux, français et européen. Surtout, il montre, par ce portrait, qu’il entend totalement maîtriser sa communication. Contrairement aux portraits de Chirac et de Hollande, il n’y a aucune place pour la spontanéité. Tout est symétrique, jusqu’à la taille des manchettes de sa chemise. Et, détail qui saute aux yeux, il annonce qu’il est le maître des horloges en en faisant figurer une, sur la droite de son bureau. On notera également qu’il tient fermement ses mains sur le rebord de son bureau.  

Toute l’histoire du macronisme est résumée dans ce portrait officiel : de la communication totalement maîtrisée, trop polie pour être honnête. 

PS : le tweet de Prisca Thevenot n’a eu aucun effet sportif puisque les Françaises se sont inclinées aux tirs aux buts face aux Australiennes. Mais il a tout de même bien fait rire la twittosphère.

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